Chaque année, l’élaboration du budget des soins de santé est un moment clé pour l’ensemble des acteurs du secteur. Ce processus, censé être concerté et équilibré, s’est révélé particulièrement complexe en 2025. Entre économies massives à identifier et nouvelles contraintes imposées par le gouvernement, les débats ont été vifs. Les propositions des syndicats médicaux n’ont pas été retenues, laissant place à des mesures jugées parfois trop directives. Dans ce contexte, la question de l’avenir des soins de santé et de leur durabilité reste plus que jamais d’actualité.
Comment se déroule l’élaboration du budget des soins de santé ?
Chaque année, le budget couvre l’ensemble des dépenses liées aux prestations de santé : honoraires médicaux, hôpitaux, produits pharmaceutiques, honoraires infirmiers, dentistes et sage-femmes. Le processus débute au sein du Comité de l’assurance, où siègent les organismes assureurs (mutuelles), les syndicats médicaux et les représentants des différentes professions de santé. Ce comité doit formuler une proposition de budget pour le premier lundi d’octobre, ensuite soumise au Conseil général le troisième lundi d’octobre.
Pourquoi l’exercice 2025 a-t-il été particulièrement difficile ?
Cette année, il fallait identifier 900 millions d’euros d’économies sur un budget total de 41 milliards. Un exercice inédit par son ampleur, qui a rendu la concertation plus complexe que jamais.
Qu’est-ce que la lettre de mission du gouvernement a changé ?
La loi-cadre, toujours non publiée mais débattue en juillet 2025, prévoit que l’élaboration du budget doit désormais être guidée par une lettre de mission émanant du gouvernement. Cette lettre introduit une orientation contraignante, supplantant le processus de concertation traditionnel. Elle détaillait la mise en œuvre concrète des économies, rendant la concertation presque superflue, alors qu’elle est essentielle pour construire des mesures adaptées et acceptées par le terrain.
Quelles mesures ont été proposées et pourquoi ont-elles été rejetées ?
Le MODES/Cartel avait suggéré de réduire les volumes d’actes, notamment pour limiter les surconsommations en imagerie médicale et biologie clinique. Ces propositions n’ont pas été retenues. À la place, des réductions de remboursement de certains actes ont été mises sur la table. Si elles permettent d’équilibrer rapidement le budget, elles manquent de créativité et de vision globale. C’est pourquoi le MODES/Cartel a rejeté la proposition du Comité de l’assurance, laissant au gouvernement la responsabilité d’élaborer le budget.
Quelles décisions ont finalement été adoptées ?
La proposition du gouvernement a été acceptée par le Conseil général. Certaines mesures vont dans le bon sens, comme la délivrance future des antibiotiques à l’unité. D’autres, comme l’interdiction de réaliser des CT-scanners lombaires par des spécialités autres que les neurochirurgiens, rhumatologues et urgentistes, suscitent des réserves. Si la surconsommation de certains examens est un problème réel, la méthode employée paraît empreinte de paternalisme.
Quels défis pour l’avenir des soins de santé ?
Les soins doivent se réinventer pour répondre à des enjeux majeurs : vieillissement de la population, chronicisation des maladies, résistance croissante aux antibiotiques, mais aussi nécessité de décarboner le secteur et de promouvoir des pratiques durables. Il est indispensable que médecins, infirmiers et autres professionnels soient pleinement entendus afin de bâtir un modèle financièrement et écologiquement viable.
En conclusion, l’élaboration du budget 2025 illustre les tensions entre contraintes financières et nécessité d’une concertation réelle. Si certaines mesures ouvrent des pistes intéressantes, l’avenir des soins de santé dépendra de la capacité des acteurs à construire ensemble des solutions innovantes et durables.